La peur

Éric et Annie ont une gentille femelle labrador chocolat de 1 ½ an : Caféine. Mercredi, Caféine a tenté de mordre Éric. Ils ne comprennent pas son attitude, elle a toujours été gentille auparavant.


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Les faits :

En cuisinant mercredi soir, Annie laisse tomber un morceau de poulet sur le sol. À l’instant où il tombe, Caféine vient voir le morceau sur le sol. Annie lui crie « Non! ». Caféine baisse les oreilles et les épaules, ramasse le morceau et va s’installer sous la table. Caféine est couchée, recroquevillée, tête basse, oreilles collées sur la tête; elle regarde de côté ses maîtres avec son morceau de poulet entre les pattes. Éric, qui a suivi la situation, se fâche. Il se penche sous la table, rapidement, d’une façon rigide, les sourcils froncés : « Caféine! Donne! »

Au moment où il se penche et donne son ordre, Caféine se replie un peu plus sur elle-même et grogne en cachant le morceau de poulet sous son menton. Éric, voyant son attitude, se dit que la chienne doit le respecter en tant que maître et qu’elle doit lui obéir. Il essaie donc de l’attraper par le collier pour la soumettre. Caféine recule le cou en se penchant un peu sur le côté, et vient claquer des dents près des doigts d’Éric. Il n’ose plus intervenir, il laisse donc son chien tranquille. Caféine reste figée un instant sur le côté avant de se remettre doucement en position de coucher normal. Elle suit son maître des yeux, mais en regardant de côté. Elle mastique l’air 2 ou 3 fois. Après quelques minutes, son attention revient vers le poulet, elle le sent et doucement le prend dans sa gueule en regardant autour, le nez bas, regard vers le haut. Elle mâche doucement le poulet, sort du dessous de la table, tête basse, et va se coucher dans un coin.


Que s’est-il passé dans la tête du chien?

Ou plutôt, quelles émotions a vécues le chien pendant cet événement?


Faits : Le poulet qui tombe au sol

Interprétation du chien : « Nouvel objet à mon niveau, curiosité, intérêt »

Faits : Annie qui dit « Non! »

chien : « Le stress d’Annie me stresse; allons explorer le nouvel objet plus loin en sécurité. »

Faits : Dessous la table avec le poulet

chien : « Annie et Éric sont tendus; cette attitude m’inquiète, qu’est-ce qui se passe? »

Faits : Éric qui dit « Caféine! Donne! »

chien : « Éric est menaçant, j’ai peur. Je ne comprends pas, j’ai trop peur. »

Faits : Éric qui tente d’attraper Caféine par le collier

chien : « Au secours! Il m’attaque. » Réflexe de défense.

Faits : Caféine seule sous la table.

chien : « Je suis stressée, mon maître a tenté de m’attaquer et je ne comprends pas. J’aimerais juste explorer mon nouvel objet, mais la tension dans la maison est trop grande. Bon!… Rien ne se passe, voyons voir… doucement pour ne pas le provoquer. Voyons voir ce nouvel objet. Hum, ça sent bon… j’espère que mon maître ne m’attaquera pas. Ce n’est pas trop mal, ça goûte bon. Allons-y doucement, ne provoquons rien, essayons… je bouge un peu… OK! rien ne se passe…sortons doucement… faisons-nous oublier… je vais aller sur mon coussin silencieusement. »


Voilà une situation difficile pour tout le monde

Annie a eu peur que Caféine soit malade. Éric a eu peur que son chien le domine et ensuite, peur qu’il le morde. Caféine a eu peur de l’ambiance de la maison et peur de se faire attaquer. C’est une belle dysfonction de la communication où personne ne se comprend et où tout le monde est stressé.

Dans cette situation, il y a plusieurs signes de peur que le chien manifeste et que l’on peut reconnaître : tête basse, épaules basses, nez vers le sol, regard fuyant de côté, oreilles collées sur la tête, roulade sur le dos. C’est ce qu’on appel des signaux d’apaisement. Le chien les exprime lorsqu’il est dans une situation inconfortable. Il cherche alors, à s’apaiser et à apaiser l’autre. D’autres signes d’apaisement courant : se détourner, s’asseoir, se coucher, lever une patte avant, se lécher le nez, baîller hors contexte ou encore effectuer une activité de substitution comme : sentir le sol, se gratter, se secouer, etc.

Il est important d’être à l’écoute, car en cas de panique, le chien se défend et son moyen de défense extrême est la morsure. Il n’emploiera la morsure qu’en dernier recours. Il vous donnera des signes avant-coureurs. La peur doit être traitée avec douceur, une réaction agressive ou dite de dominance de la part de l’humain ne fera qu’augmenter la peur et part le fait même la réaction de l’animal.